Sargasses

Depuis plus de 10 ans, la Martinique et les autres îles des Caraïbes subissent de plein fouet les échouages massifs de sargasses dans les villes : Vauclin, François ,Robert,Trinité,Tartane etc. Ces algues brunes, venues de l’Atlantique, envahissent régulièrement les côtes, provoquant des dégâts considérables sur l’environnement, la santé, l’automobile,les habitations et l’économie locale.

Mais alors que certains pays ont pris le taureau par les cornes pour transformer ce fléau en opportunité, la Martinique semble piétiner dans une gestion de crise réactive, sans vision à long terme.

Pourquoi ce retard ? Est-ce un manque de moyens… ou un manque de volonté politique ?

Une Crise Sanitaire et Écologique Majeure

Les sargasses, en se décomposant, dégagent deux gaz toxiques :

• Le sulfure d’hydrogène (H₂S) : responsable d’odeurs d’œuf pourri, corrosif pour les métaux, dangereux pour les poumons.

• L’ammoniac (NH₃) : irritant pour les voies respiratoires.

Les conséquences :

• Corrosion des voitures, climatiseurs, appareils électroménagers,

• Fermetures temporaires d’écoles et de commerces,

• Impact sur la santé publique, notamment les personnes âgées, asthmatiques, enfants.

 Ailleurs, la Sargasse Devient une Ressource

Voici ce que plusieurs pays ont déjà commencé à faire avec les sargasses :

Un bel exemple marquant de la BARBADE un pays independant qui tire son épingle dans innovation du bio carburant.
La Barbade a mis en place un programme de soutien à l’entrepreneuriat autour de la sargasse. Le gouvernement collabore avec des chercheurs pour transformer l’algue en biogaz, compost et même plastique biodégradable.

 Et en Martinique ?

Malgré l’ampleur du problème et la répétition des échouages, la Martinique reste largement à la traîne ,même pour le ramassage et le stockage tout le monde se renvoi la balle,mairies,CTM,Cap sud,cap nord et état :

• Aucune filière industrielle de valorisation n’existe à ce jour.

• Pas de plateforme logistique pour le traitement massif des algues.

• Les actions de la CTM (Collectivité Territoriale de Martinique) se limitent souvent à du ramassage ponctuel ou lors de manifestation de ceux directement concernés qui montent au créneau, souvent trop tardif pour éviter les nuisances.

Certains projets pilotes ont vu le jour (notamment du compostage), mais ils sont isolés, sans accompagnement financier ni stratégie territoriale.

Pourquoi ce blocage ?

 Manque de volonté politique de la CTM

• Aucune véritable stratégie de transition autour de la sargasse.

• Les élus peinent à mobiliser les fonds européens ou à s’inspirer des modèles voisins.

 Enchevêtrement administratif

• Compétence partagée entre État, CTM, communes, agences environnementales…

• Résultat : désorganisation, lenteur, inefficacité.

 Peur du risque juridique ou sanitaire

• Certains freins viennent de l’absence de normes claires pour le traitement de la sargasse contenant parfois des métaux lourds ou des bactéries.

Ce qu’il faudrait faire dès maintenant :

• Créer une filière locale de valorisation avec soutien public et privé.

• Financer l’innovation (start-ups, agriculture, éco-construction).

• Mettre en place des plateformes de traitement sur le littoral.

• Former et employer localement dans la filière verte.

• Travailler en réseau caribéen pour partager les bonnes pratiques.

Vers un beau Gâchis de la Révolution Verte en Martinique ?

La Martinique a devant elle une opportunité inédite : transformer un fléau en richesse écologique, économique et sociale. D’autres l’ont fait, avec moins de moyens. Alors pourquoi pas nous ?

Rien ne manque… sauf une vision politique claire et le courage d’agir de nos elus.

Par Kambutcha Magazine