La Yole Ronde de Martinique : Histoire, Héritage et Fierté Insulaire.

Née des traditions de pêche côtière et de la créativité des charpentiers martiniquais, la yole ronde est bien plus qu’un bateau : c’est un symbole identitaire, un art de vivre, une épreuve sportive d’exception, et un héritage reconnu internationalement. Classée patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO en 2020, la yole incarne toute la richesse d’un savoir-faire local et d’une tradition collective portée par des générations de marins.

Une fabrication 100 % artisanale
Chaque yole est une œuvre d’art faite à la main, sans plans, à partir de bois locaux comme le poirier, le courbaril ou encore le bois rouge. Longue de 10 mètres en moyenne, elle est constituée d’une coque étroite, sans quille, sans gouvernail, sans lest, ni dérive. L’équilibre repose sur les “bwa dressés”, de longues perches sur lesquelles les équipiers se suspendent pour contrebalancer la force du vent.

La construction dure plusieurs semaines, voire plusieurs mois, et mobilise des compétences rares : charpentier de marine, voilier, peintre… Le résultat : un bateau rapide, nerveux, esthétique, où chaque détail compte.

Des plages aux premières régates
Avant de devenir un sport reconnu, la yole ronde était un outil de travail. Les pêcheurs l’utilisaient pour rentrer rapidement au port, souvent en compétition informelle les uns contre les autres. Petit à petit, les courses improvisées gagnèrent en popularité, notamment lors des fêtes patronales.

En 1964, la première structure officielle vit le jour : la Société des Yoles et Gommiers de Course de la Martinique. En 1972, une entité distincte fut fondée pour les yoles uniquement : la Société des Yoles Rondes, aujourd’hui Fédération des Yoles Rondes de Martinique.

Naissance d’un mythe : le Tour de Martinique des Yoles Rondes
En 1985, sous l’impulsion de Georges Brival, le premier Tour de Martinique des Yoles Rondes est lancé. Huit embarcations prennent le départ depuis Le Vauclin pour un tour de l’île en huit étapes. Le succès est immédiat. La yole ronde devient une icône sportive.

Chaque année, à la fin juillet, le Tour attire des milliers de spectateurs sur les plages et en mer. Des yoles sponsorisées par des marques locales ou nationales comme UFR–Chanflor, Brasserie Lorraine, Rosette ou SMEM s’affrontent dans des régates spectaculaires, dans une ambiance de carnaval nautique unique au monde.

L’événement de l’année
Le Tour des Yoles est plus qu’une compétition : c’est une fête nationale martiniquaise. Pendant une semaine, l’île vit au rythme des régates, des “after-yoles”, des diffusions en direct sur Martinique 1ère, et de la ferveur populaire. Les spectateurs suivent les courses depuis les plages ou les centaines de bateaux suiveurs qui accompagnent les yoles d’étape en étape.

En chiffres :

• Plus de 15 yoles engagées
• Environ 180 kilomètres de parcours
• Des équipages de 14 à 18 personnes
• Plus de 100 000 spectateurs cumulés sur l’île et à la télévision
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Un savoir-faire reconnu par l’UNESCO
En 2017, le savoir-faire des artisans de yoles est inscrit à l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel français. Trois ans plus tard, en décembre 2020, c’est l’apothéose : la yole est intégrée au Registre des bonnes pratiques de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Une première pour une embarcation traditionnelle française.

Cette reconnaissance internationale vient souligner les valeurs que la yole incarne : transmission intergénérationnelle, solidarité d’équipe, créativité artisanale et identité territoriale forte.

Les champions de la mer
Parmi les légendes vivantes de la discipline, on retient notamment :

Félix Mérine, barreur emblématique de UFR–Chanflor, 11 fois vainqueur du Tour, qui a pris sa retraite en 2023.

Joseph Mas, pionnier respecté du Robert.

Georges-Henry Lagier, meneur de Rosette / Orange.

La fierté d’une île la MARTINIQUE
La yole ronde, par sa beauté, son ingéniosité et sa symbolique, transcende les clivages. Elle unit les Martiniquais autour d’une passion commune, valorise les métiers traditionnels et fait rayonner la culture insulaire dans le monde entier.

Aujourd’hui, alors que la Martinique regarde vers l’avenir, la yole continue de tracer sa route, fière et libre, poussée par le vent de la tradition et l’élan du peuple.

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Par Kambutcha  Magazine