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Consommation responsable

Martinique : enquête sur la grande distribution, l’importation de trop et le gaspillage organisé.

today27/08/2025 8 3

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Des containers pleins à craquer de produits pour le gaspillage.

Chaque semaine, près de 400 à 500 containers de denrées alimentaires débarquent au port de Fort-de-France. Parmi eux, une large part contient des produits importés de France hexagonale ou d’Europe : yaourts, fromages, fruits calibrés, biscuits.
Or, selon des estimations syndicales, 20 à 25 % de ces volumes ne trouvent jamais preneur. Cela représenterait près de 12 000 tonnes de nourriture gaspillées chaque année en Martinique.

Les grands groupes en première ligne

Derrière ces flux massifs, trois géants de la distribution dominent le marché :

  • Groupe Parfait (enseigne Hyper U, Super U, etc.)

  • Groupe Bernard Hayot (GBH) (Carrefour, Géant, Mr Bricolage, etc.)

  • Groupe Créo – Famille Fabre (Carrefour Market, Cora, etc.)

En façade, ils se disputent des parts de marché. En réalité, ils appliquent la même stratégie : importer beaucoup pour toucher davantage d’exonérations fiscales.

Un ancien cadre du secteur résume :

« Le système encourage la surimportation. Plus vous importez, plus vous déclarez de volumes, plus vous maximisez vos exonérations liées à l’octroi de mer. Même si 20 % partent à la poubelle, le bilan économique reste positif pour le groupe. »

Les chiffres du gaspillage organisé

  • Yaourts et desserts lactés : près de 3 millions de pots seraient détruits chaque année en Martinique faute d’être écoulés dans les délais.

  • Fromages importés : environ 1 200 tonnes de produits jetés ou bradés à -50 % en fin de cycle.

  • Fruits importés (pommes, poires, raisins) : près de 2 500 tonnes arrivant chaque année, dont une partie invendue alors que la banane locale (plus de 220 000 tonnes produites) peine à être valorisée dans les mêmes rayons.

  • Produits surgelés standardisés : environ 15 % des volumes finissent en perte sèche.

Au total, selon des estimations croisées d’associations de consommateurs, ce sont l’équivalent de 50 millions d’euros de marchandises importées qui finissent gaspillées chaque année sur l’île.

Témoignage : « On jette des palettes entières »

Jean-Marc, manutentionnaire en entrepôt :

« Chaque semaine, on met de côté des palettes de yaourts, parfois même des fromages ou des biscuits. Ça part en destruction, parfois en dons, mais souvent c’est directement la benne. Je dirais qu’on détruit au moins 2 à 3 palettes par magasin, chaque semaine. Faites le calcul à l’échelle de l’île… »

Consommateurs et producteurs lésés

Pendant que les containers débordent, les producteurs locaux peinent à écouler leurs récoltes :

  • Ignames, patates douces, giraumons : plusieurs centaines de tonnes invendues chaque année faute de débouchés dans les grandes surfaces.

  • Fruits locaux (ananas, goyaves, mangues) : souvent vendus à bas prix aux intermédiaires, mais peu valorisés en rayons face aux fruits importés.

Jacques, maraîcher au Lamentin :

« Je produis 20 tonnes d’ananas par an. Pourtant, dans le supermarché d’à côté, je vois des pommes importées vendues trois fois plus cher que mes fruits. Résultat : je suis obligé de brader une partie de ma production aux marchés de gros. »

L’État complice par inertie

Les aides liées à l’octroi de mer représentent plusieurs dizaines de millions d’euros chaque année. Elles sont censées protéger le pouvoir d’achat et soutenir l’économie locale.
Dans les faits, elles profitent largement aux grands groupes qui les détournent en organisant cette surabondance.

Un économiste local explique :

« On estime que les grands groupes de distribution engrangent entre 8 et 12 % de marges supplémentaires grâce à ce mécanisme. Ce sont des millions d’euros de manque à gagner pour la collectivité. »

La Martinique gaspille chaque année des milliers de tonnes de produits alimentaires importés, alors que son agriculture locale souffre et que la vie chère persiste.
Les grands groupes : Parfait, GBH, Créo/Fabre  profitent d’un système fiscal qui favorise la surimportation. Et l’État, par son silence, cautionne une situation intenable qui rapporte beaucoup à l’état en TVA.

Sans réforme, ce cycle absurde continuera : plus d’importations = plus d’aides = plus de gaspillage.
Un modèle qui éloigne la Martinique de toute souveraineté alimentaire.

Par Kambutcha Magzine

Écrit par: Paul Julio

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