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Kambudcha Magazine

Exode des jeunes, arrivée des métropolitains : l’ADOM, instrument d’un remplacement silencieux en Martinique ?

today08/08/2025 33 1

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Depuis plus de vingt ans, la Martinique vit un paradoxe démographique : pendant que sa jeunesse s’exile en masse vers la France hexagonale, des milliers de métropolitains s’installent durablement sur l’île. Ce double mouvement est loin d’être accidentel. Derrière les politiques publiques qui se présentent comme des dispositifs de « mobilité » ou de « développement », certains y voient en réalité une stratégie douce mais efficace de dépeuplement local et de remplacement socioculturel. Et parmi ces dispositifs, l’ADOM (Agence de Développement de l’Outre-Mer) joue un rôle central, sans qu’on ose vraiment poser la question qui fâche : développer pour qui ? Et pour rester où ?Des Billets Aller Simple…

Une jeunesse en fuite… subventionnée pour partir via LADOM

Le discours dominant est rodé : la Martinique offre peu de débouchés professionnels, les jeunes doivent partir « se former » ou « réussir ailleurs » avant, peut-être, de revenir. Sur cette ligne, l’ADOM propose une aide précieuse : prise en charge des frais de mobilité, accompagnement vers l’insertion professionnelle dans l’Hexagone, soutien psychologique et logistique.

Mais ce discours d’opportunité masque une mécanique bien plus perverse : celle d’un encouragement indirect à l’exode, maquillé en chance individuelle. Car partir, ce n’est pas neutre. C’est quitter une terre, une famille, une culture, un climat, une langue. C’est aussi souvent se déraciner sans garantie de retour.

Et que fait-on ici pour retenir ces jeunes ? Très peu. Très mal. Trop tard. Aucun projet de nos élus ,très peu de structure Universitaire ou de centre de formation.

On préfère investir dans leur départ plutôt que dans leur avenir sur place.

L’île se vide… pendant que d’autres s’installent en conquistador.

Pendant que les jeunes Martiniquais galèrent à Paris, Toulouse ou Bordeaux, une autre dynamique est à l’œuvre sur leur propre île : celle d’une installation croissante de métropolitains. Retraités, télétravailleurs, enseignants, cadres de la fonction publique ou jeunes couples en quête de soleil et de « qualité de vie », ils arrivent par milliers, chaque année.Et avec eux :

  • Des logements qui se rénovent… mais se vendent à des prix inaccessibles pour les locaux.

  • Des commerces qui s’adaptent… mais au mode de vie importé.

  • Une nouvelle norme sociale, linguistique, culturelle.

Ce n’est pas une colonisation militaire. C’est un remplacement doux, mais profond. D’autant plus efficace qu’il ne dit pas son nom «  »Elimination des locaux a petit feu «  » ».

Chiffres à l’appui : un déséquilibre structurel

Les données de l’INSEE sont sans appel :

  • La population martiniquaise diminue chaque année.

  • Les jeunes de 18 à 35 ans sont les plus nombreux à partir.

  • Le solde migratoire avec la France hexagonale est négatif pour les Martiniquais, mais positif pour les métropolitains.

Autrement dit : ceux qui partent ne reviennent pas, et ceux qui arrivent ne repartent plus.

Or, l’ADOM, loin d’être un acteur neutre, s’inscrit dans ce système d’échange déséquilibré. Elle finance, structure et encourage le départ ,sans jamais organiser le retour.

Un outil administratif du remplacement de la population pendant qu’eux même sont chassés de Hexagone… ?

Soyons clairs : personne ne dit que l’ADOM est une agence mal intentionnée. Ni que les jeunes martiniquais ne doivent pas voyager. Ni même que les métropolitains n’ont pas le droit de vivre ici.

Mais il est temps de poser la question politique que tout le monde esquive :
à qui profite cette dynamique ?

Quand une structure publique finance massivement le départ d’une population, sans offrir d’alternative locale viable, elle devient un outil objectif de dépopulation.
Et quand, dans le même temps, les politiques d’attractivité touristique, fiscale et immobilière encouragent l’arrivée d’une autre population, la boucle est bouclée.

Ce n’est plus une rumeur. Ce n’est plus un slogan.C’est un fait structurel, documenté, observable, ressenti. La Martinique vit le même procédé mise enplace en Nouvelle Calédonie pour les Kanaks avec les Kaldoches.

L’effacement d’un peuple par les outils de la République.

Le drame de tout cela, c’est que le processus ne repose pas sur une violence directe, ni sur une expulsion physique. Il repose sur une lente érosion du tissu social et culturel par le vide :

  • un vide d’emplois locaux,

  • un vide d’ambitions politiques réelles,

  • un vide de vision souveraine sur notre avenir.

On pousse nos enfants dehors, et on déroule le tapis rouge à ceux qui viennent les remplacer.

Tout cela avec la complicité administrative de structures publiques, dont l’ADOM est l’une des plus visibles.

Une autre voie est-elle possible ?

Oui, mais elle suppose un changement radical d’orientation :

  • Investir massivement dans la formation et l’emploi ici, pas ailleurs.

  • Revaloriser les métiers locaux, les filières agricoles, artisanales, numériques.

  • Encourager le retour des talents, pas seulement leur départ.

  • Repenser la politique foncière pour protéger les terres et les habitats des familles martiniquaises.

Et surtout, arrêter de croire que partir est une victoire.
Le véritable progrès, c’est rester et construire, pas s’adapter ailleurs.

Partir, c’est parfois trahir un peu son île… sans le vouloir

Quand on part, on ne part pas seul. On emporte avec soi des histoires, des forces, des mémoires. Mais on laisse aussi un vide. Un creux que d’autres remplissent.
Et si on ne se réveille pas collectivement, ce vide finira par devenir un silence, un de ces silences qu’on appelle l’oubli.

L’ADOM n’est pas le problème. Elle est le symptôme d’un système plus large, dans lequel la Martinique n’est plus pensée comme une terre d’avenir pour ses enfants… mais comme un espace de service pour d’autres.

Et ça, ce n’est pas une fatalité. C’est un choix politique. Et donc, un choix qu’on peut renverser.

Par Kambutcha Magazine

Écrit par: marcstyle972

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