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Médecine créole & Plantes

La Purge aux Antilles : Histoire, Plantes et Secrets Oubliés.

today25/08/2025 7

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La Purge aux Antilles : Histoire, Plantes et Secrets Oubliés ,un rituel ancré dans la mémoire collective

Aux Antilles, dire « purge » évoque souvent des souvenirs d’enfance : un verre amer imposé par grand-mère, avalé d’un trait, accompagné de grimaces et de promesses de santé retrouvée. Bien plus qu’un simple remède, la purge est une tradition transmise de génération en génération, symbole de purification du corps et parfois même de l’esprit.

Jadis, elle s’imposait comme une pratique indispensable : à la fin des vacances, avant la rentrée des classes, après les excès de Noël, ou encore lors du changement de saison. Pour les anciens, il fallait « nettoyer le sang » et « enlever les vers » afin de rester en bonne santé.

Héritage de l’histoire et de la médecine populaire ,cette coutume plonge ses racines dans un double héritage :

  • Africain, avec la transmission des savoirs liés aux plantes médicinales et à la notion de purification.
  • Européen, où les purges faisaient déjà partie de la médecine ancienne (saignées, lavements, décoctions amères).
  • Amérindien, avec l’usage de nombreuses plantes locales.

Dans les campagnes, les familles faisaient appel aux tradipraticiens, « docteurs feuilles » ou aux grands-mères, véritables gardiennes du savoir végétal.

Les plantes de la purge créole , la richesse botanique des Antilles a permis de développer un large éventail de recettes, plus ou moins redoutées :

  •  Huile de ricin (carapate) : l’un des purgatifs les plus puissants, utilisé à petites doses.
  •  Séné : ses feuilles et gousses servaient de laxatif naturel.
  •  Bois amer (Quassia amara) : utilisé en tisane, réputé pour « couper l’appétit des vers ».
  •  Zeb à pik (Cissus verticillata) : plante purificatrice.
  •  Groseille pays : infusion douce pour « nettoyer le sang » et alléger le corps.
  •  Huile de castor mélangée à du lait concentré sucré : un classique chez les enfants, adoucissant l’amertume par la gourmandise.

Certaines préparations étaient si fortes qu’elles pouvaient provoquer des malaises, d’où l’importance du dosage, transmis comme un secret de famille.

Secrets et croyances

Au-delà de l’aspect médical, la purge avait aussi une dimension symbolique. Purger son corps, c’était aussi éloigner le mauvais sort, les « saletés » invisibles ou spirituelles. Dans certaines familles, on liait la purge à une protection contre le « maléfice » ou le « quimbois ».

Les proverbes créoles en gardent la trace :

  • « Tout pitit bizwen on bel purge » (tout enfant a besoin d’une bonne purge).
  • « Purge sé lavi » (purger, c’est prolonger la vie).

Ces savoirs populaires constituaient une véritable pharmacopée créole, aujourd’hui en partie oubliée au profit de la médecine moderne.

Une pratique toujours d’actualité ?

À l’heure où l’alimentation moderne est bourrée de perturbateurs endocriniens, de conservateurs chimiques et d’additifs douteux, les anciens n’avaient peut-être pas tort : nous vivons un empoisonnement à petit feu, hérité en partie de l’alimentation coloniale importée. Produits transformés, excès de sucre, pesticides, importations massives : notre assiette s’éloigne chaque jour un peu plus du naturel.

Dans ce contexte, la purge retrouve un sens. Non pas comme un remède miracle, mais comme un rappel : il faut régulièrement dépolluer son organisme et se tourner vers une alimentation plus saine, enracinée dans nos traditions locales.

La purge aux Antilles, que l’on l’aime pas  ou qu’on la redoute, fait partie de notre mémoire collective. Elle illustre l’ingéniosité des peuples à utiliser leur environnement pour se soigner, mais aussi l’importance des rituels familiaux et culturels. Entre savoir médical, rite social et héritage spirituel, la purge est un pan de notre identité créole. Et face aux menaces actuelles d’une alimentation industrielle empoisonnée, ce vieux savoir semble plus que jamais d’actualité pour notre survie.

Par Kambutcha Magazine

Écrit par: Paul Julio

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