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Analyse / Analysis

La Martinique face au défi de la concurrence : sortir du monopole béké pour un avenir économique plus équitable ?

today01/10/2025 9 2

Arrière-plan
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« Si la Martinique était ouverte à la concurrence européenne, cela suffirait-il à faire disparaître l’emprise des békés sur l’économie Martiniquaise , serait-ce bénéfique face au monopole de GBH ? »

Un héritage lourd : le poids des békés dans l’économie

Depuis plusieurs décennies, l’économie martiniquaise reste marquée par une forte concentration entre les mains de familles békés, descendants de colons installés dès le XVIIᵉ siècle. Ces groupes, dont le plus emblématique est le Groupe Bernard Hayot (GBH), contrôlent une part considérable des secteurs clés :

  • la grande distribution (Carrefour, Hyper U, Géant, Ecomax),
  • l’import-export et la logistique portuaire,
  • l’automobile (quasi monopole sur les concessions),
  • une partie du commerce des matériaux et du BTP.

Ce contrôle leur confère une position dominante, souvent dénoncée par les syndicats, associations de consommateurs et même des rapports parlementaires. Résultat : des marges élevées et des prix nettement supérieurs à ceux de l’Hexagone, nourrissant la colère sociale autour de la vie chère.

L’hypothèse : ouvrir la Martinique à la concurrence européenne

  • Imaginons une Martinique pleinement ouverte aux acteurs extérieurs.
  • Des enseignes comme Lidl, Aldi,coscot,etc… ou Leclerc pourraient s’implanter,
  • Des importateurs indépendants auraient accès au marché sans passer par les réseaux existants,
  • Les consommateurs bénéficieraient d’une baisse des prix liée à la concurrence.

L’exemple de La Réunion est parlant : l’arrivée de Leclerc y a obligé les autres groupes à réduire leurs marges, créant une respiration dans le système.

Mais cette ouverture ne se ferait pas sans obstacles :

  • Le coût du transport (bateaux, carburant, fret) restera toujours plus élevé qu’en Europe continentale.
  • La taille réduite du marché (360 000 habitants) limite l’intérêt d’un investissement lourd pour de grandes chaînes.
  • Les barrières administratives et douanières  souvent contrôlées localement  freinent déjà l’arrivée de nouveaux acteurs toujours au mains des mêmes acteurs économique.

Faire disparaître les békés de l’économie : une fausse solution ?  ou Certains posent la question radicale : faut-il écarter les békés pour libérer l’économie ?

La réponse est plus complexe :

Supprimer un acteur dominant ne garantit pas automatiquement la baisse des prix. Le risque serait simplement de remplacer un monopole local par un monopole étranger.

Une économie contrôlée uniquement par des groupes extérieurs pourrait accentuer la dépendance et priver la Martinique de marges de manœuvre.

En revanche, briser le monopole et rééquilibrer le jeu économique sont indispensables pour sortir d’une situation de rente.

Le véritable levier : diversification et souveraineté économique .Au-delà de la concurrence extérieure, la Martinique doit s’appuyer sur deux piliers :

  • Développer la production locale
  • Relancer l’agriculture vivrière et la transformation agroalimentaire,
  • Favoriser les filières pêche, artisanat, énergies renouvelables,
  • Réduire la dépendance quasi totale aux importations.
  • Créer un cadre plus équitable
  • Mettre en place un droit de la concurrence adapté au contexte insulaire,
  • Soutenir l’émergence de coopératives locales et PME martiniquaises,

Diversifier les accords commerciaux vers la Caraïbe et l’Europe pour contourner les monopoles d’import.

Ouvrir la Martinique à la concurrence européenne pourrait certes desserrer l’étau des monopoles békés et faire baisser certains prix, mais ce n’est pas une solution miracle.

Sans réorganisation structurelle, la dépendance aux importations et la petite taille du marché continueront de maintenir des prix élevés.

Le véritable enjeu réside dans une souveraineté économique partielle, combinant :

  • concurrence extérieure,
  • diversification de la production locale,
  • encadrement juridique des abus de position dominante.

La Martinique ne pourra pas seulement compter sur la disparition d’un groupe dominant pour transformer son économie : elle devra inventer un modèle plus équilibré, plus autonome, communautaire, plus proche des besoins réels de sa population .

Par Kambutcha Magazine

Écrit par: Paul Julio

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