La Menace sur les Salines : Gémieux, les Békés et les Salines en Danger

La Menace sur les Salines : Gémieux, les Békés et les Salines en Danger
Sous son ciel d’azur, ses plages de sable blanc et ses eaux cristallines, la commune de Sainte-Anne, au sud de la Martinique, semble être un petit coin de paradis. Cependant, derrière cette image idyllique, un drame écologique et social se déroule silencieusement, menaçant un site naturel emblématique : les Salines. Ce lieu protégé, qui fait la fierté des locaux et des touristes, est aujourd’hui sous la pression de projets de développement où les enjeux économiques et la logique marchande semblent avoir pris le dessus sur la préservation de l’environnement.

Le Rôle de Jean-Michel Gémieux : Un Maire entre Modernisation et Complice
En première ligne de cette transformation se trouve Jean-Michel Gémieux, le maire de la commune. Un homme souriant, souvent perçu comme une figure dynamique du renouvellement local. Pourtant, derrière ses discours de progrès et de modernisation, certains le voient comme un acteur clé, volontaire ou résigné, d’une dynamique qui dépasse largement les enjeux locaux. Sous ses airs de stratège politique, il semble jouer un rôle de facilitateur, voire de complice, dans un projet de mutation du littoral qui voit les intérêts privés prendre le pas sur l’intérêt public.

Le maire est accusé de soutenir un développement à marche forcée. Aérodrome privé, hôtels de luxe, port de plaisance… des projets qui s’inscrivent dans une logique de transformation totale de la zone, avec des promesses de « développement durable » qui cachent mal l’ampleur de l’exploitation commerciale. En soutenant ces projets, Jean-Michel Gémieux devient, selon ses détracteurs, l’exécutant local d’un système bien plus vaste, un système où l’économie locale et la préservation de l’environnement sont sacrifiées sur l’autel du profit.

Les Békés : Héritiers d’une Histoire Coloniale et Acteurs de la Transformation
Derrière ce projet se cache une réalité plus complexe : celle des Békés, ces héritiers de l’histoire coloniale, riches propriétaires terriens de l’île. Le terme « Béké » désigne les descendants des colons européens, souvent perçus comme les figures d’une élite dominante, qui détiennent une grande partie des terres agricoles et une influence incontestable sur les secteurs économiques clés de la Martinique. Les Békés, souvent accusés d’avoir conservé des pratiques et des mentalités qui remontent à l’époque coloniale,de l’esclavage, détiennent aujourd’hui des terres stratégiques, des capitaux considérables et des connexions politiques puissantes.

Ce sont eux qui, en grande partie, portent et financent les projets de transformation du littoral martiniquais :François,Trois îlets,Anses D’arlets,Diamand,Ste Luce,Marin, y compris à Sainte-Anne et dans le nord. Leur objectif ? Transformer les espaces naturels en zones rentables, où l’hôtellerie de luxe et les infrastructures privées remplacent peu à peu la nature et la population locale. Le tout sous l’apparence d’un « développement durable » qui, en réalité, exclut les populations locales et réduit l’accès à ces lieux emblématiques.

La Stratégie de Privatisation : Entre Charme et Manipulation
Le processus de transformation est méthodique. D’abord, on identifie une zone stratégique. Les autorités locales, souvent charmées par les promesses économiques, sont convaincues, parfois par des études biaisées ou des promesses de prospérité. Ensuite, les projets sont lancés avec un air de modernité et de développement. Petit à petit, l’espace public est privatisé, les terres sont absorbées par de grands groupes privés et les populations locales se retrouvent exclues de leurs propres territoires.

Les habitants de Sainte-Anne, pour qui les Salines représentent bien plus qu’un simple décor de carte postale, voient leur patrimoine naturel et culturel disparaître sous le béton. Les accès à la mer se réduisent, les zones de baignade sont privatisées et les zones de pêche, essentielles à la vie locale, sont transformées en espaces réservés à des usages touristiques exclusifs.

La Résistance : Un Combat pour la Préservation et la Justice Sociale
Ce drame écologique et social n’est pas un secret. Beaucoup de personnes sont conscientes de ce qui se joue, mais l’argent, l’inertie des institutions et le silence des responsables ont étouffé toute forme de résistance. Les organisations locales, les écologistes et une partie de la population tentent encore de s’opposer à ce projet, mais leur voix reste étouffée face à la puissance financière et politique de ceux qui portent ces projets.

En effet, cette situation met en lumière la lutte de classes qui traverse la Martinique, où une élite, souvent perçue comme détachée des réalités locales, contrôle l’accès aux ressources naturelles et détermine les choix de développement, au détriment des habitants et de l’environnement. Le véritable enjeu de cette situation est bien plus qu’une simple question de protection de l’environnement ; il s’agit de la préservation d’un bien commun, d’un patrimoine naturel et culturel qui appartient à tous et qui est menacé par la marchandisation d’un territoire.

Conclusion : Les Salines, Sacrifiées au Nom du Progrès ?
Les Salines ne sont pas en train de disparaître à cause d’un accident. Leur déclin est le fruit d’une décision politique et économique, prise dans l’ombre, au service de quelques intérêts privés. Le projet porté par Jean-Michel Gémieux, les Békés et d’autres acteurs de ce système néocolonial transforme peu à peu un espace naturel unique en un terrain de jeu réservé à une élite.l

Derrière la façade touristique et la promesse d’un avenir prospère se cache une réalité bien plus sombre : celle de la marchandisation des terres, de l’écrasement des populations locales et de la destruction d’un patrimoine commun, sacrifé sur l’autel du profit. Les Salines ne meurent pas d’un accident ; elles sont méthodiquement sacrifiées. Et tant que cette dynamique continuera, la lutte pour la préservation de ce site et la justice sociale sera plus que jamais d’actualité car les élus ne travaillent plus pour intérêt de la population mais pour eux même et pour des intérêts privés…

Par Kambutcha Magazine