
RMA Antilles – Le Son des îles
Ils t’ont fait croire. Ils t’ont « civilisé ». Non : ils t’ont éteint.
Cette phrase, lapidaire et brûlante, résume une histoire que beaucoup connaissent et que beaucoup refusent pourtant de voir dans sa pleine violence. Le mot « colon » ne désigne pas ici seulement un individu, une couleur de peau, une religion ou une caste. Il désigne une posture, une mécanique, une entité parasitaire qui prétend être l’ origine et l’ autorité, qui nourrit simplement son pouvoir en niant et en détruisant tout ce qu’elle rencontre.
La violence fondatrice
Le colon n’a pas seulement conquis des terres : il a pratiqué l’extermination et la dépossession. Les récits, archives et mémoires témoignent des famines organisées, des tueries, des déplacements forcés, des traites et des travaux forcés. Appeler cela par son nom « » génocide « », destruction culturelle, violences systémiques n’est en rien une exagération rhétorique mais la reconnaissance d’une réalité historique et contemporaine. Lorsque l’on étudie la colonisation, on ne trouve pas seulement des échanges inégaux : on trouve des décisions politiques et économiques qui ont eu pour effet , souvent volontairement ,la disparition physique et culturelle de peuples entiers.
Ce qui est peut-être moins mis en lumière, c’est l’ensemble des stratégies d’effacement : l’interdiction des langues, la destruction des systèmes éducatifs autochtones, l’imposition d’un récit historique écrit par l’oppresseur. On n’a pas seulement pris la terre ; on a pris la mémoire, le sens, le feu cette énergie culturelle et spirituelle qui fait survivre un peuple.
L’idéologie de la supériorité déguisée en « civilisation »
Les colonisateurs ont souvent justifié leurs actes par une rhétorique paternaliste : « nous vous civilisons », « nous vous apportons la religion, la science, la loi ». Derrière ces formules se cachait une volonté d’assimilation et de domination. L’écriture de l’histoire par les vainqueurs, la muséification des cultures subalternes, et la présentation des inventions et ressources dérobées comme « découvertes » européennes sont autant d’outils pour naturaliser la prédation.
Mais le colon n’est pas qu’un visage blanc d’un autre temps. Comme le dit le texte initial : il est « blanc, noir, arabe, chrétien, juif, athée ». Le colon est une fréquence ,une froide vibration du bas-astral de la domination , qui peut s’incarner sous maintes formes. Ce constat est crucial : il empêche de réduire la lutte anti-coloniale à une lutte raciale simpliste et invite à la vigilance envers les pratiques et structures qui reproduisent la logique coloniale, quelles que soient les couleurs ou les appartenances.
Le pillage : terres, corps, langues, mémoires
Le colon vole. Ressources naturelles, savoirs, techniques, œuvres, mais aussi corps ,en particulier par la traite , l’esclavage et les cultures. Certains ont érigé des collections de trésors volés dans des musées qui continuent, aujourd’hui encore, les touristes admirent des objets spoliés. Des langues ont été interdites, des rites proscrits, des noms changés. On a écrit « l’histoire » de ceux qu’on a écrasés, pour expliquer et légitimer l’injustifiable.
Ce n’est pas seulement un vol matériel : c’est un vol de sens. La dépossession mémorielle a pour conséquence la dissociation d’un peuple d’avec lui-même; ses repères, ses ancêtres, son récit. Privé de son passé, un peuple devient plus facile à gouverner, à exploiter, à « programmer ».
Le feu volé et le feu sacré
Les colonisateurs ont voulu le feu ,non seulement le feu matériel des techniques, mais le feu symbolique : l’énergie vive qui anime être,les cultures, la créativité, la force collective des peuples. Certains ont pensé pouvoir l’éteindre à tout jamais. Ils se sont trompés. Le feu sacré survit dans les langues qui résistent, dans les chants, dans les pratiques populaires, dans la mémoire transmise de génération en génération. Même lorsqu’il est affaibli, il n’est pas éteint ; il dort, attend et renaît toujours.
Dire la vérité pour reprendre le pouvoir
Raconter cette histoire — avec ses mots durs — n’est pas un appel à la haine, c’est une exigence de vérité. Reconnaître la brutalité historique et la continuité des mécanismes coloniaux dans les structures contemporaines est la première étape vers la réparation. Cela implique des actes concrets : restitutions des biens culturels volés, réécriture des programmes scolaires pour inclure les voix colonisées et apprendre a nos enfants la veritable histoire du colons, réparations matérielles et symboliques, politiques publiques de reconnaissance.
Mais la vérité seule ne suffit pas. Il faut aussi reconstruire : réapprendre les langues interdites, soutenir les pratiques culturelles, documenter les mémoires orales, financer la recherche et les institutions portées par les communautés elles-mêmes. La décolonisation passe autant par la transformation des institutions que par la renaissance des imaginaires.
Décoloniser le regard et les pratiques
La lutte contre le colonialisme ne se limite pas aux musées ou aux traités internationaux. Elle touche nos rapports quotidiens , la manière dont on écrit, enseigne, raconte, célèbre. Décoloniser, c’est interroger les schémas mentaux hérités, c’est refuser la naturalisation de la supériorité et du servage, c’est reconnaître que la créativité, la technologie, la pensée éthique ne sont pas l’apanage d’un peuple mais le produit de rencontres multiséculaires souvent détournées.
Une urgence morale et politique
La parole vindicative du texte de départ appelle à une urgence ,morale, mémorielle et politique. Il faut entendre la colère pour ce qu’elle est : un appel à la justice. Ressasser l’histoire n’est pas une plainte stérile mais une revendication active de réparation et d’autonomie. Les sociétés qui souhaitent être justes et saines doivent faire face à cette histoire : la nommer, la comprendre, réparer les séquelles.
Pour conclure : réveiller le feu
Le colon a voulu te voler le feu. Il a cru te réduire à un matériau docile. Mais le feu résiste, enfoui dans les langues, les chants, les gestes. Le vrai combat d’aujourd’hui est double : faire tomber les structures de pouvoir qui perpétuent la dépossession, et rallumer, partout où c’est possible, les foyers de mémoire et de création. Cela exige du courage, de la pédagogie, des politiques volontaristes et une écoute exigeante des peuples concernés.
Rappelons-nous enfin que dénoncer l’idéologie coloniale, c’est ouvrir un espace où renaissent les voix longtemps étouffées. Le temps de l’effacement peut cesser. Le feu sacré peut reprendre et transformer l’histoire pour un avenir meilleur …
Par Kambutcha Magazine
Écrit par: Paul Julio
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